Construire des moulins à eau sur les rivières
Les moulins à eau sont connus depuis l’Antiquité. Très tôt, ces moulins agrémentés de pales ou aubes – et de systèmes d’engrenages servirent à moudre le blé, à faire de l’huile en pressant les olives ou les noix.
Au cours des temps, ces moulins se sont perfectionnés, et au Moyen Age surgit la première grande révolution industrielle : l’énergie hydraulique en est le principal agent.
A l’origine, les hommes piétinaient le drap, le foulaient au pied – d’où leur nom : « ouvriers foulons », ou ils le battaient avec un maillet pour le rendre souple. Dorénavant, un marteau qui se soulève et s’abat périodiquement se substitue au travail de l’homme : un moulin à foulon remplace quarante « ouvriers foulons ».
Quant aux premiers moulins à papier, ils apparaissent en Espagne au XII siècle, près de Valence. On en trouve bientôt en Italie. Le plus ancien moulin hydraulique de France remonte à 1268, construit dans le Puy-de-Dôme. Une cinquantaine d’années plus*tard, on y faisait du papier ; il en fabrique toujours. Si, pendant vos vacances, vous passez par le Puy-de-Dôme, allez le visiter : vous y verrez un « arbre à came » actionner la batterie de maillets en bois qui réduisent les chiffons de lin et de coton en pâte à papier.
N’allez pas croire que ces moulins existaient seulement sur les rivières’ traversant la campagne, les villages ou petits bourgs. En ville, ils étaient généralement flottants, amarrés à la rive ; parfois l’un d’eux s’en allait à la dérive, causant toutes sortes de dégâts sur son passage. Sous les arches, le courant était plus fort, les roues tournaient plus vite, le rendement augmentait en proportion : en 1323, à Paris, on comptait treize moulins installés par les ingénieurs sous l’actuel Pont-au-Change.
Nous n’avons plus idée, aujourd’hui, de ce que pouvait être l’animation qui régnait autour des moulins, De véritables « complexes industriels » se créaient. Ces ensembles d’ateliers où se faisaient le tannage des peaux, l’affûtage des outils, le polissage des métaux, la pulvérisation des minerais, devenaient, avec leurs foires et leurs marchés, des lieux de rencontre, d’approvisionnement et de commerce.
Les divertissements n’étaient pas absents de ces carrefours, si bien qu’il arriva même que certains hommes de grande vertu demandèrent que l’on fermât les moulins. Leur conseil ne fut pas suivi, heureusement : les effets d’une telle mesure auraient été aussi graves que si, de nos jours, on arrêtait totalement et pour toujours les centrales électriques.
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