L’animal entre en trottinant dans l’arène. Il s’arrête un instant pour jauger ses adversaires. Les spectateurs poussent des cris approbateurs : « Té, celui-là, il est bon ! »,
Ce n’est pas un taureau affolé qui est entré dans l’arène pour la première et la dernière fois, c’est une bête expérimentée, connaissant sa force et la faiblesse de son adversaire, sachant déjouer les ruses et ruser elle-même. Dans ces joutes où l’homme et la bête rivalisent d’astuces et de souplesse, le danger est uniquement pour l’homme.
Le lourd et massif taureau de course espagnol n’a pas sa place dans les arènes de bois qui pullulent autour du delta du Rhône. La Camargue a fourni aux hommes un partenaire à leur mesure.
Le delta du Rhône n’a pas toujours le climat chaud et sec qui attire les touristes. L’hiver est rude et les vents froids balaient les marécages, où la nourriture est rare, une bonne partie de l’année. L’animal de faible constitution ne peut survivre à de telles conditions de vie et celles-ci ne facilitent pas une croissance exagérée. Contrairement à nos bonnes grosses vaches normandes gorgées d’herbe grasse, soignées pendant la mise-bas, leurs collègues camarguaises doivent arracher à un sol ingrat une maigre pitance.
Façonnée par un climat pénible et une nature ingrate, la race s’est affinée. Les qualités d’endurance et l’astuce se sont développées au détriment de la taille. L’isolement dans le delta depuis plusieurs milliers d’années d’un groupe d’animaux a créé une nouvelle race. Les spécialistes appellent de tels groupes des populations. Ces populations, si leur isolement persiste, peuvent devenir des espèces nouvelles, incapables de se reproduire avec d’autres populations issues des mêmes ancêtres.
Pour obtenir une nouvelle espèce à partir d’une population, il faut des dizaines, et même souvent des centaines de milliers d’années d’isolement. Ce n’est pas encore, et de loin, le cas de nos bovidés camarguais, qui se croisent fort bien avec les échantillons d’origine espagnole que l’on introduit dans leurs troupeaux.
Cependant, la population bovine d’origine camarguaise se différencie nettement des autres par la taille, la forme de ses cornes, la vivacité… et c’est l’habitat qui l’a ainsi façonnée.
A la fin, nous espérons que cet article vous a aidé à mieux comprendre La nature et ses secrets. Pour plus d’articles sur la Nature ou sur d’autres thèmes, veuillez consulter la page d’accueil.