Chez la petite mouche du vinaigre, la Drosophile, tant étudiée par les généticiens, les attitudes, les «usages» ne sont pas moins intéressants à observer que leurs différences physiques. Les Mouches ne sont pas des animaux primitifs, ce sont des organismes supérieurs et l’étude de leurs comportements en société est riche d’enseignement. Ainsi, si l’on observe les préférences des «dames » mouches pour leurs partenaires, on constate que celles-ci vont plutôt vers Ies individus qui sortent de l’ordinaire. Si vous mettez des moucheronnes aux yeux rouges en présence d’une assemblée de mâles aux yeux rouges, où se distingueront quelques rares exemplaires aux yeux blancs, elles porteront leur choix plutôt vers les blancs que vers les rouges. Ce qu’il y a de plus amusant, c’est que si vous présentez à ces mêmes moucheronnes de nombreux mâles aux yeux blancs, et 2 ou 3 exemplaires aux yeux rouges, elles se laisseront plus facilement faire la cour par ces derniers. C’est donc bien la rareté qui les attire. Cette attirance répond en fait à des impératifs naturels très profonds, puisqu’elle permet de conserver dans le matériel génétique d’une espèce des caractères héréditaires rares et, de ce fait, de maintenir la plus grande diversité possible de ces caractères.